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 Le Sac Brun

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MessageSujet: Le Sac Brun   Le Sac Brun EmptyJeu 30 Nov - 10:50

Le Sac Brun
Par Ismaïl El Jabri

Voici une histoire que je projette d'écrire en trois parties. En premieu lieu, la première, donc.

_____________________________________________________________________________

I

Il pensait à tout ce qu’il laissait derrière lui. De ses moments d’innocence jusqu’aux jours de peine et de douleur. Il voyait cette maison où il passa une partie de son enfance, avec son toit de tuiles rouges et sa façade qui lui semblait toujours disproportionnée. Il voyait cette fille avec qui il passa quatre ans de son adolescence avant qu’elle ne partît pour toujours. Il la voyait qui pleurait sur son épaule ; et lui, ravalant ses larmes et lui caressant les cheveux, lui parlait. Il lui disait des mots gentils et doux. Il ne la revit plus jamais.
Il se gara près du pont, prit le sac qu’il avait posé sur le siège passager et sortit de la voiture. La radio était toujours en marche, et Jagger chantait sur les Rues de l’Amour. Il laissa la portière ouverte, et se mit à marcher, le regard perdu à sa gauche où l’eau noire de la rivière s’écoulait calmement dans la nuit. L’air était frais ; l’hiver ne s’était pas encore vraiment installé. Il se rappela alors les moments où il se blottissait contre sa grande sœur dans un même lit pour regarder les dessins animés du mercredi après-midi. Il faisait froid ces jours-là, mais dans la tiédeur de la couverture et la chaleur du corps de Lamia, il ne sentait rien ; il était bien.
Ce qui comptait, c’était le bord des choses, la marge. Il vivait, et ce ne fut qu’après avoir perdu ce bonheur qu’il sut que c’en était un. C’était dans la simplicité qu'il le trouvait…
Il enfonça la main qui tenait le sac brun dans la poche de son manteau gris et tourna à gauche, sur le pont. Ses chaussures produisaient un son sourd et mât sur le sol humide, qui se prolongeait en échos.
« Hé, m’sieur ! Une pièce, s’vous plaît ! »
Il ne chercha même pas à savoir qui l’avait appelé ; il n’était même pas sûr d’avoir entendu quelque chose. Il continuait sa marche sur le pont, indifférent et blafard sous la lueur morne de la lune.
« Vz’êtes sourd ou quoi ? Hé, gros con, je t’ai demandé si t’avais une putain de pièce à me filer ! Je suis prêt à me laisser baiser par toi pour ça ! »
Il s’arrêta alors, et regarda par-dessus son épaule. Un homme noir, habillé grossièrement d’une salopette verte, et coiffé d’un feutre – sans aucun doute volé – lui faisait des signes avec son bras en traînant des pieds. Quand il fut assez près, il constata que l’homme noir était très laid. Ses dents pourrissaient dans sa bouche immense et inondée d’une salive épaisse qui donnait l’impression d’être un échantillon d’urine mélangée à de la morve.
« Dégage, tu me dégoûtes. »
L’homme noir ne répondit pas. Il se contenta d’ouvrir sa braguette et de pisser par-dessus le bord du pont en grommelant.
Une fois, quand il était très jeune encore – une huitaine d’années – un homme noir qui ressemblait étrangement à Bouche Immense s’était approché de lui alors qu’il se promenait à bicyclette près d’un village à la sortie de Marrakech – dont il ne se rappelait pas le nom. Il ne portait pas de salopette ; mais un habit de bureaucrate. Une chemise blanche sous une veste sombre, et une cravate rouge. Il voulait lui offrir des bonbons et un tour dans sa jolie grande voiture de course. Qui n’en était sans l'ombre d'un doute pas une. Mais il ne pouvait pas l'accompagner, car il avait sa bicyclette. Et en plus, Maman lui avait dit de ne pas parler aux inconnus.
« Ai-je l’air d’un inconnu ? »
La lueur qui brilla au fond des yeux de l’homme noir à cet instant l’effraya. Quand le noir lui posa cette question en souriant, il ressembla au monstre qui vivait sous son lit et qu’il ne voyait que dans ses cauchemars. Il avait fui. L’homme l’avait poursuivi jusqu’au bas de la route, mais n’avait pu entrer dans la ruelle étroite qui menait à l'hôtel Sango, dans laquelle, lui, enfant sur un vélo, s’était faufilé…
Il s’arrêta, et s'appuya sur le rebord du pont après avoir poussé un soupir. Un peu plus loin, Bouche Immense avait fermé sa braguette, et s’était assis. De temps en temps, il lançait un « m’sieur ! » fort et agaçant, mais c’était supportable ; il finit même par éprouver une minuscule sympathie envers cet homme.



A certain moment, ça vous a certainement parru un peu confus car l'anonymat du personnage est gardé. J'ai essayé d'eclaircir le texte le plus possible, et je continuerai ainsi, car je tiens à garder le personnage anonyme.
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