Atelier d'écriture : les descriptions

La rubrique était jusqu'alors destinée aux histoires complètes. Suite à une discussion avec Nefiso qui souhaitait poster des descriptions, j'ai eu l'idée d'ouvrir des ateliers d'écriture.
Je commence la série avec un atelier sur les descriptions.

Ce post-it est donc réservé aux passages purement descriptifs : portraits, décors, bestioles... Afin de clarifier ces passages, il vous est conseillé d'expliquer le contexte en quelques lignes (utiliser une couleur différente). Evitez de préciser les effets que vous avez voulu créer : vous risquez d'influencer le jugement de vos lecteurs (genre : "Ah ! Ben comme on me l'a dit, je comprends bien...").

A vos plumes !

lol
Donc comme promis j'ouvre ce topic....^^
Et comme le dit Raphael je ne donnerais aucun contexte....
La vallée noire
Une nuit sans lune. Une vallée creusée par les forces occultes de la nature.En haut, le silence règne, les éclairs pourfendent le ciel, Dieu est oublié, et au loin les Poissangs se délectent, les fleuves de vie s'amenuisent, et leur flot se fait plus tumultueux; violent.
Chut....écoutes la rage des morts, des désespérés, des suicidés, leurs regards troublés par la folie. Le souffle des saints les a touchés. Le Fleuve devient sombre, son courant tumultueuxet son rivage vide infect.
La vallée se trouve en dessous des falaises creusée dans la roche, et ses murs hauts se dressant vers le ciel. Dans les larges couloirs humides s'engouffrent des vents violents hurlant leur désespoir. L'horreur pure parcourt ces corridors. La vallée de la mort vit et mue par les horreurs ui l'habite. Les couloirs noirs de suie et de pourriture gluante, regorgent d'humidité pourrissante, des gouttes d'eau stagnée s'égouttent tout doucement le long des hauts murs. Une vase recouvre la plus grande partie du sol constituant le sentier ou le chemin cerné par les murs. Les murmures parcourent ces couloirs, glissent sur cette vase, les esprits s'échappent de cette vallée en s'insinuant dans les murs. Les murmures ininterrompus sont parfois accompagnés par les hurlements du vent et le fracas de la mer sur la jetée. Cette mer ramène les cadavres gonflés, pourrissants et abjects osant trop s'approcher de son rivage. Leurs bouches sont grandes ouvertes comme dans ultime hurlement d'agonie les reliant à l au de-là et ici . Leurs peaux sont recouvertes de pourriture et de petits insectes se nourrissant de leurs chairs pourries, viciées et tuméfiées par cette mer maudite. L horreur est à découvert , elle montre ici toute sa beauté indicible, se montre sans pudeur dans le monde noir de mes rêves.
L'obscurité est totale. Seuls des champignons phosphorescents incrustés dans les murs éclairent un peu ce paysage . Les cadavres jetés par la mer sont rongés peu à peu par la pourriture et les nécrophages. L'un deux grouillent d insectes, son crane déborde de cette vermine, ils finissent probablement de ronger son cerveau . Son squelette charrié par cette mer rageuse reluit par sa blancheur nettoyée .
Au loin apparait l'EiN SoF, fou et rongé par ses peurs,il guette de son regards affolé l'étendu de son royaume.
Les fleuves grondent.
Les fleuves glissent, emportant le temps, les gens, et l’amour .
Les morts s’y enfouissent, oubliant peu à peu la lumière du jour.
Les fleuves glissent, faisant sombrer la réalité, attendant l’heure de vérité.
Chacun de nous y est destiné, horreur et désespoir sont là pour nous surveiller.
Chut…écoutez le mugissement de l’agonie, le rire dément de la douleur et le silence du bonheur.

Bon, je laisse à Raphaël et à Jakolarime le soin de t'admonester en ce qui concerne les maladresses, coquilles, ponctuations, grammaire et tout ce qui fait le cauchemar de gens de notre espèce.
Mais, je suis rentré dans cet univers barbare et je crains de devoir dormir avec la lampe de chevée allumée ce soir... brrr, brree - c'est encore plus terrifiant que chez Blood Rose, mes aïeux

PS : je viens de lire ton texte à ma copine, et elle me dit qu'elle s'est réellement vue dans ces sous-terrains maudits. Donc, c'est certain : la lampe restera allumée ce soir, Nefiso. C'est cool. Mais il faut que tu fasses un effort sur la construction de tes phrases.

Hé, mais c'est "beau" (beau est entre guilemets car le spectacle decrit ne l'est pas ). Tu decris bien ce qui est en rapport avec la mort et la pourriture, j'aime ça. Continue comme ça à nous faire peur !

lol merci pour les encouragements mais si je fais plus dormir mais si vous le voulez je vous en passerez d'autres....
Merci.

Je vous propose un portrait que j'extrais de l'une de mes courtes nouvelles :
(...)
Le peintre considère son modèle.

« Qu’elle est laide ! Non, mais, qu’elle est moche !... »

Jamais dans sa carrière il n’a vu réunies en une seule personne autant de disgrâces. Tout en bricolant pinceaux, huile et couleurs, il jette vers la fille des regards à la dérobée, et son œil professionnel dresse un implacable bilan :

« Le front est bas, les joues rougeaudes et grêlées d’acné ; le menton est fuyant, déjà empâté ; le cou, minimal, est dépourvu de charme ; les cheveux sentent à dix pas le travail obstiné des fers à friser… Certes, la carapace du corset n’a pas réussi à effacer ses gros nichons, bien volumineux, pour son âge… Mais ils sont trop bas ! Sa bigote de mère a dû les lui écraser sous une triple bande de contention, pour préserver l’image virginale qu’elle s’obstine à plaquer sur cet ingrat rejeton. Et puis quoi ?... Que vois-je rougeoyer au bout de ce nez en pied de marmite ? C’est un bouton, ma parole ! Elle a un bouton sur le pif !… »

Il réprime un ricanement mauvais. Il a bien envie de te lui peaufiner en rouge et vert, son bourgeon… La Vierge au Furoncle ! De quoi égayer la sinistre galerie de laiderons cousus d’or qu’il est obligé de brosser pour vivre honorablement ! (...)

Superbe!!!
Et une question la pauvre fille que tu décrit elle est simpa ou pas dans ton livre?
J'ai plutot le présentiment que non mais bon...

(Un instituteur, Jean-Marc Cambeviel, cherche à rencontrer les parents de l'un de ses élèves, Fabrice, qui ne répondent pas aux convocations du directeur de l'école. Après quelques recherches, il s'aperçoit que son élève et sa famille, qui ont connu de graves difficultés matérielles, habitent maintenant dans un immeuble voué à la démolition. Il pénètre dans les lieux).

Jean-Marc franchit l'ouverture de l'immeuble délabré. Les parpaings qui bouchaient l'entrée ont été en partie descellés. Il doit se baisser pour ne pas heurter de la tête ceux du haut, qui forment une découpe permettant le passage d'une seule personne. Il visualise fugitivement l'image incongrue des murs défoncés, dans les dessins animés, gardant la silhouette des personnages qui les ont traversés. Le couloir est froid, sombre et humide. Une lumière glauque tombe de quelque part, en haut de la cage, là où l'on a pas cru utile de murer les ouvertures, baignant, d'un halo bleuté, la volée d'escalier de ciment dénudé dont les marches de bois ont été arrachées. Il ouvre, sur la droite, une porte sans serrure, pénètre dans un vestibule. Des fils électriques jaillissent du mur, au milieu d'une tache claire aux contours rectangulaires, souvenir d'un compteur électrique disparu. Un léger bruit se fait entendre derrière une porte. Cambeviel la pousse.

La lumière jaune, vacillante, d'une lampe tempête éclaire la pièce. Le long du mur de droite, on voit deux lits étroits, bout à bout. Ce sont en fait deux sommiers plutôt déglingués, mais la literie semble propre, et les lits sont soigneusement faits, les draps nettement rabattus sur des couvertures écossaises. A gauche, sur une petite table qui a dû être fine et élégante, trône une cuvette de plastique orange, flanquée d'un broc dont l'émail blanc est blessé de larges éclats couleur de rouille. Un morceau de brique supporte l'un des pieds brisés de la table. Le papier peint est déchiré par larges lambeaux, dévoilant d'autres tapisseries aux motifs différents, ou la paroi de plâtre rongée d'humidité. Un placard, posé à même le sol, chargé d'un réchaud à alcool, une chaise cannée dont le paillage dégueule sous le siège, quelques caisses de bois, complètent le mobilier. Et là, sous la fenêtre murée de parpaings, sur un tabouret de cuisine aux pieds de tubes rouillés, accoudé à une table recouverte de papier journal, Fabrice Carmond considère avec surprise monsieur Cambeviel qui s'encadre dans la porte.

[…] Jean-Marc regarde la pièce dans laquelle vit le petit rouquin, les pauvres meubles, les murs qui gardent la trace d'autres vies, d'autres époques. Le carrelage est fêlé, défoncé par endroits. Mais il est propre. Où trouvent-ils l'eau ? Ça sent la misère, ici. Ou plutôt, un degré de la pauvreté juste avant la misère. Il y a encore de la dignité, une sorte d'espoir de s'en sortir, qui flotte sur les lits bien faits, sur les objets rangés, qui imprègne ce petit bonhomme maigre qui va quand même à l'école, qui écrit ses devoirs sur une table recouverte de papier journal, à la lumière tremblotante d'une lampe à pétrole.

Nefiso a écrit:

Superbe!!!
Et une question la pauvre fille que tu décrit elle est simpa ou pas dans ton livre?
J'ai plutot le présentiment que non mais bon...

C'est juste un texte court, pas un livre.. Non, la fille n'est ni sympa, ni pas sympa. Ses parents sont des riches bourgeois du 18e siècle qui font peindre le portrait de toute la famille.

(tu peux lire le texte complet sur mon site : http://jhfabre.neuf.fr section textes en prose, titre "Le portrait")

J'aime l'histoire de Fabrice et Jean-Marc ; c'est une idée que tu dois impérativement exploiter pour un roman, par example (si ce n'est déjà fait ? ).
La description est bonne, rien à dire ; pas de défauts à mentionner

Jakolarime a écrit:

Je vous propose un portrait que j'extrais de l'une de mes courtes nouvelles :
(...)
Le peintre considère son modèle.

« Qu’elle est laide ! Non, mais, qu’elle est moche !... »

Jamais dans sa carrière il n’a vu réunies en une seule personne autant de disgrâces. Tout en bricolant pinceaux, huile et couleurs, il jette vers la fille des regards à la dérobée, et son œil professionnel dresse un implacable bilan :

« Le front est bas, les joues rougeaudes et grêlées d’acné ; le menton est fuyant, déjà empâté ; le cou, minimal, est dépourvu de charme ; les cheveux sentent à dix pas le travail obstiné des fers à friser… Certes, la carapace du corset n’a pas réussi à effacer ses gros nichons, bien volumineux, pour son âge… Mais ils sont trop bas ! Sa bigote de mère a dû les lui écraser sous une triple bande de contention, pour préserver l’image virginale qu’elle s’obstine à plaquer sur cet ingrat rejeton. Et puis quoi ?... Que vois-je rougeoyer au bout de ce nez en pied de marmite ? C’est un bouton, ma parole ! Elle a un bouton sur le pif !… »

Il réprime un ricanement mauvais. Il a bien envie de te lui peaufiner en rouge et vert, son bourgeon… La Vierge au Furoncle ! De quoi égayer la sinistre galerie de laiderons cousus d’or qu’il est obligé de brosser pour vivre honorablement ! (...)

Haha Ca aussi c'est bon Je veux lire cette nouvelle, Jako, peux-tu la mettre sur le forum pour qu'on la déguste ? Elle est apparemment exellente !

Leg a écrit:

J'aime l'histoire de Fabrice et Jean-Marc ; c'est une idée que tu dois impérativement exploiter pour un roman, par example (si ce n'est déjà fait ? ).

Non, mais c'est une nouvelle, qu'on peut lire intégralement sur mon site (section "Nouvelles et textes courts - Le Petit Rouquin").

Citation :

La description est bonne, rien à dire ; pas de défauts à mentionner

Oh, merci, Leg !